Ne prétends pas
Que le ciel là-haut
S'égaiera
Que sa peine sous sceau
S'atténuera
Il pleut toujours sur la ville
Ne prétends pas
Que tout nuage sera
Transitoire
Qu’assez tôt il oubliera
Ses déboires
Il pleut toujours sur la ville
Ne prétends pas
Que le voile d'ennuis
Se lèvera
Que la terre affranchie
Fleurira
Il pleut toujours sur la ville
J’ai attendu
Quand les cymbales des ondes
S'entrechoquaient
Quand le tympan du monde
Vacillait
J’ai attendu
Quand la morne grisaille
Vagabondait
Quand les hautes murailles
S’alanguissaient
J’ai attendu
Quand l’éclat des pavés
S'estompait
Quand les vitres délavées
Soupiraient
J’ai attendu
En vain
Et la ville ruisselait
Dans sa pâleur mise à nu
Et la ville suintait
D'eaux mal contenues
Et la ville résonnait
De litanies inconnues
Et la ville se dressait
Lugubre, sombre, désabusée
Et j’attendais
Le savais-tu
Je suspendais
L’anse de mes espoirs
Au souffle filigrane
Aux vérités diaphanes
Que tu répandais
Du matin au soir
?
Ne répète plus
Ces paroles parjures
Que le temps et l’usure
Défigurent
Je t’en prie, abrège
Tes mots se greffent en moi
Et déjà se désagrègent
Sous tes doigts
Ne répète plus, je t’en prie
Je suis lasse d’entendre
Ne répète plus, je t’en prie
J’ai cessé d’attendre
Il pleuvait toujours sur la ville
Il pleut toujours sur la ville
Je suis sortie
La ville m’a happée
Et je me suis drapée
Dans sa mélancolie
Et le monde s’ébrouait
Ses mèches folles valsaient
Et le monde pourfendait
Ses peines désavouées
Et j’ai appris
A danser sous la pluie