Soirées languides
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On court les rues pavées le soir, Etroite folie des adieux, Juin intime, dans la volupté des nuits chaudes, On enveloppe les fiertés, Tard encore, Sur les terrasses, - On aime sans savoir. Appesanti de la douceur des retrouvailles, Rêvées, contrariées, éprouvées, Ton regard oublieux, s’égare. A la hâte, on s’établit, Tes bras, s’étirent derrière la table. Deux fauteuils s’affrontent en face à face, L’inattendu exige -l’immédiat, l’entier, l’interdit, Supplice à la consommation des âmes, Il ne me reste que tes livres, le flou, - Un monde, qui nous sépare. Tes lèvres - débitent, ricochent, s’attardent, S’égosillent de mots savants, Qui ne savent plus trouver le cœur- Mille fois répétés, Imprégnés de l’indicible labeur. Virilité candide, Ton désir est - impérieux, supérieur, exalté, Tes yeux sombres et taiseux, trahissent La conquête - orgueilleuse ardeur. Eternelle ingénue, la nuit fait jour, sur ma crédulité. A l’heure du café, Pensées serrées - Je tolère Ta main, sur ma cuisse, Appuyée, le regard nu. Traits tendus, mémoire inquisitrice, Mon corps indigeste - Se mue, En dégoût du bleu, - Fuit, se jette presque à la fenêtre Au dehors la ville s’éveille, Humiliée – A rebours, il faut reprendre ces rues.