Dans cette forêt qu'est la vie
Existe un dédale de chemins
Lointainement proches, prochainement lointains
Limités, anodins, mal cultivés
Plus personne n'y posera pied
Sans fin, de valeur, parfaitement sains
En usage sur dix-neuf jours vingt
Dans la rivière de ma mémoire, l'eau lave les pierres
Ternes. En s'écoulant, longuement elle les emporte,
Ejecté, le caillou transparent ne plus se porte
Fortifié, le rocher coloré persiste dans l'eau
Et le fleuve déborde, couler lui fait du mal
Car l'eau ne fait pas que se débarasser des cailloux sales
Elle tranche définitivement sans pitié
Si la rivière devient un vaste océan
Si la haie n'est jamais taillée
Si les ciseaux ne se retrouvent plus, mal placés
Alors pourquoi y chercher les rochers disparus?
Alors pourquoi traverser la jungle?
Il y a d'autres beaux rochers qui sont encore crus
Il a d'autres beaux chemins d'ampleur humble
On a bâti un pont entre nos deux pays
Créé des liens qui n'ont pas existé
Espérant qu'ils vont réussir à endurer
Au moins une petite éternité
Sans fissures et sans trous
Comment - comment - mais comment
Empêcher le tout
De s'écrouler lentement?
J'attacherai une corde solide au rocher flottant
Je rangerai bien dans une caisse mes ciseaux
Je planterai les haies indomptables dans un seau
Je réparerai chaque fissure avec le meilleur béton
Pour faire de mon mieux de ne jamais
Négliger, blesser, amputer, délier
Cette unique et sincère et vraie
Amitié