Tapis à l’ombre dans les tranchées
Il s’avança doucement, baïonnette à la main,
Il attendait ce signal,
Le signal de son caporal,
De quitter sa tranchée
Lancer un obus dans le pré.
Se positionna prêt à tirer,
Un bruit sourd, l’ennemi tombe à terre
Un champ de coquelicots.
Ces coquelicots rouges sang,
Comme la passion, la colère et les remords,
Que ressentit le soldat à ce moment.
Il enlaça l’ennemi, s’excusant sur son tort,
Pour déserter la plaine jusqu’à la mort …
Son nom était Christoph
Tapis à l’ombre des peupliers,
Un autre soldat attendait,
Il était blond aux yeux bleus.
Durant toute son enfance aux Jeunesses hitlériennes,
C’était un parfait aryen,
Un vrai petit ange,
Mais son reflet dans le miroir était celui d’un démon.
Son combat l’avait déshumanisé,
Sur son bras, le brassard de la croix gammée,
Sa naïveté l’avait usé, il était au bord du gouffre.
Une lueur sur les yeux le ramena à la réalité,
Démon dans une ville en ruine sous les bombes.
Il était debout, grenade à la main
Lui, l’Aryen
Devant une famille de Juifs innocents
Des "moins que rien",
Ces gens persécutés pour leur religion
Ces gens à l’étoile jaune,
Ces hommes, ces femmes et ces enfants.
Sans pitié, il lâcha sa grenade et s’effondra.
Hors d’haleine, il traversa Varsovie
À travers les ruines des immeubles et les murs du ghetto,
Il exprima sa colère et frappa dans la pierre,
Arrachant soudain son brassard rouge carmin
Le disque blanc et la croix gammée,
Il y mit le feu ...
Son nom était Albrecht
Debout parmi les voyageurs,
Un homme marche dans un aéroport.
Tranquillement il pousse son chariot,
Il sait que sa vie va finir,
Il prie en silence,
Avant de proclamer tout fort,
"Allah Akbar" …
… Que de morts !
Nombreux ceux qui ont fini comme Lui
Pour tous ceux qui ont souffert, pour tous ceux qui sont morts,
Célèbres ou anonymes …
Ici ou ailleurs,
Hier ou aujourd’hui,
Tout comme Christoph, Albrecht et Lui …
… Victimes des idéologies destructrices.
Pour nous qui sommes encore ici ou ailleurs,
Aujourd’hui et demain,
Trouvons la force de nous soulever,
Pour ne pas être emprisonnés
Et privés de notre liberté.