Blanche
L’âge –c’est là souvent toute notre sagesse–
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La neige te couvre comme un mauvais haillon,
tu n’as souci des départs sur les quais –
des lieux en mire, des mouvements en partance
qu’agite une énième gare –
tu rêves.
Ce matin est pareil au dernier
Blanche
La neige éveille un sourire
tu n’es qu’une enfant
ma pareille
qui traverse une mémoire
à laquelle tu survis.
–Et tout redevient métaphore
une pauvre pensée
trace ma lumière
dans laquelle tu me rends
des heures
que je comble d’espérance
Tu sais quand se laissent bercer
les espars sur lesquels on dort
que nous ne savons partager
que des moments d'ellipse
dans une énorme course
qui nous dépasse
que ce sont toutes ces lunes qui cavalent sur la traînée du monde qui nous abrite
ce soir
sur les poussières de nos vies
de notre imaginaire
La nuit respire un air
dans le soir
comme une immense folie
Tu m’évoques la mer
éternelle et libre
où se jettent les hommes
où la marée s’endort dans un dernier soupir
–ton dernier, sans espoir,
ma dernière
On ne sait où l’on va
si ce n’est que l’on doit s’arrêter
forcément
j’écris la vie que tu places devant moi
–Je t’ai vue poser pour des affiches de cinéma dans ces belles années du film, et tu jouais des rôles d'actrices imprenables qu’on imagine même plus. L’art t’emportait comme les pierres les moissons les peintures
et l’enfance
Je t’ai vue partout où tu m’inspires
sur les quais où tu demeures à présent
où tu me disais
Saute Saute
par-dessus cette vie à laquelle tu n’appartiens jamais
Saisis-toi du rêve
plutôt que du souvenir
s’il suffit de s’enivrer de toi
–Et tout me paraissait le sublime idéal de ton rire
Le monde s’ouvre et se ferme sur nous
lorsque la nuit s’efforce
quand quelques ardeurs
quelques souffles de vie s'arrêtent enfin
au rebord du désir
Un millier d’étoiles se meurent maintenant
Le ciel tourne dans cette nuit comme le feront encore toutes les horloges et tous ces peuples d’oiseaux qui n’ont de choix que de partir et crèvent s’ils demeurent dans cette ville qui marche
à petits bruits
qui fume qui vit et meurt sous mes yeux
qui paraît péniblement
dans ces vers que tu traces
C’est un soir de tristesse pour moi
et beaucoup d’autres que j’ai laissées en mémoire
et qui s'effaceront à leur tour
Déjà l’aurore se couvre de neige
déjà
que cela passe vite
que cela passe vite
– Passagers de chaque moment,
voyez sur cette route
un voyage
qu’on dessine chaque fois
que l’on contemple sa route.